The kill, the pain, tonight.

29/11/1980 - 1h03, Berlin.
La clapotis de la pluie résonne dans la rue calme. Aucune voiture n'y roule, personne n'y passe. Un vent glacial mais léger fait voler les feuilles mortes tombées au début de l'automne, donnant au paysage un aspect désert, et un calme que rien ni personne ne pourrait troubler, une tranquillité, une sérénité. Une rue perdue, dans le centre de Berlin, après minuit. Mais cette nuit-là, on entend les pleurs d'un enfant venant d'une maison située à l'angle de la ruelle, ainsi que des portes claquant. La dernière porte qui a claqué fut celle qui marquait l'entrée.
Ils sont trois. Une dame faisant la cinquantaine, un homme qui semble âgé alors qu'en réalité, il doit avoir à peine deux années de plus que sa femme. La mère tient son bébé tentant de le calmer, sans succès. Il hurle. Il ne veut pas partir. Malgré cela, lorsque la mari ferme sa portière et que la voiture démarre, on peut affirmer que c'était leur destin, à eux, à eux trois.

27/08/2000 - 17h00, Londres.
Matthias attrape les clés de sa maison, puis hésite. Doit-il rentrer ? Puis, il se pose une autre question. Pourquoi hésite-t-il toujours avant d'entrer ? Il sourit, ouvre la porte, s'essuie les pieds. La première chose qu'il fait, c'est d'allumer la radio. La radio, ça lui rappelle des souvenirs. Vaquant à ses occupations, il connaît sa maison mieux que lui-même. Il y vit depuis toujours. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Après la mort de ses parents lorsqu'il avait 12 ans, dans un accident de voiture, il avait appris ses vraies origines. Schweighöfer. Un nom germanique. Matthias s'assied dans le canapé, et y repense. Il entend la pluie sur le toit de la maison, mais elle signifie bien plus. « Je suis anglais. » Cette phrase sort naturellement, mais elle est fausse. Pourtant, c'est très commun, d'émigrer. Cependant, il le voit différemment. Il sait qu'il ne voulait pas quitter son pays, il sait qu'il a essayé d'y rester. Il se demande pourquoi. Il est heureux à Londres, il s'est fait un nom. Du haut de ses 12 ans, il a été choqué d'apprendre qu'il avait vécu la première année de sa vie en Allemagne, et qu'il n'y était jamais retourné. A présent, il a 21 ans. Il vit seul dans sa maison, et ne se préoccupe que de façon très mince du pays dans lequel il est né. Devrait-il y aller ? La curiosité l'emporte, mais il repousse cette idée. Il a comme un pressentiment. Si il y retourne, il ne reviendra pas à Londres. Et ce n'est pas ce qu'il désire.

13/10/2012 - 15h00, Londres.
Matthias claque la porte derrière lui. Il grimpe dans sa Volkswagen, et se rend en vitesse sur le lieu du tournage. Tout le monde l'attendait. Il sourit légèrement, comme pour excuser son retard. « Mon réveil a pas sonné !! ». Des éclats de rire se font entendre de la part des acteurs présents et du metteur en scène. « Un peu de sérieux, Matthias. ». Le sourire du jeune homme disparaît, comme pour se déclarer prêt à faire ce qu'on lui demande. Il est paré étant donné qu'il est entièrement dans la peau de son personnage : un criminel nazi en 1947. On lui a expliqué comment jouer ce type de rôles, et de toute manière, il ne joue que dans des films se déroulant pendant la première ou seconde guerre mondiale, ou peu après. Avec son physique, le rôle du SS blond aux yeux bleus est toujours pour lui. C'est comme ça.
Mais là, il entame l'un des plus beaux tournages de sa petite carrière.

« Matthias, ta gueule. »

C'est sûrement la phrase qu'il entend le plus souvent. Matthias est une pile électrique, qui met l'ambiance partout. Il arrive toujours au boulot de bonne humeur, prêt à entrer dans la peau de son personnage. Lunatique, il est donc fait pour être acteur... Car, même si il se lève avec le sourire chaque jour, il est étonnement susceptible. Quelqu'un est capable de lui faire du mal sans s'en rendre compte, ou avec une petite phrase ironique. Matthias est, contrairement à ce qu'on peut penser en le rencontrant pour la première fois, une pipelette, et malgré ses nombreuses paroles, on ne sait presque rien de sa vie. Il aime plutôt parler de guerre, de politique, mais aussi de choses complètement stupides en faisant des blagues salaces avec ses amis sur la scène du tournage... Il n'a pas toujours un humour très fin, et beaucoup de gens le croient stupide, mais gentil. En réalité, c'est le contraire; il est d'une intelligence étonnante ( certes il ne le montre que rarement ) et sa gentillesse est souvent limitée. Comme il n'aime pas faire de peine aux gens, si il ne les aime pas, il contient tout à l'intérieur, mais ça pète à tous les coups.

Malgré ce caractère très social, il ne faut pas l'emmerder. Il n'est pas du type "peace and love", il est même plutôt "bad boy"... Il règle ses problèmes par la violence, et rien d'autre. Cependant, il fait tout pour éviter le combat physique, il s'y prend d'abord pas les mots, mais si cela persiste... On se rend compte que Matthias a une jauge de patience très limitée. De plus qu'il y a peu, il s'est mis aux altères... Allez savoir si c'est pour se battre ou ressembler plus à un SS taré lors des tournages... ?

Enfin, on peut dire qu'il est préoccupé par le pays qu'il a quitté étant enfant. Beaucoup lui font remarquer que son nom est très germanique, et même son prénom. « Je sais ». On lui pose des questions sur ses origines, mais il n'a pas honte de répondre la vérité. Il n'a pas honte de ses origines, cependant il déteste ces envies qui le prennent parfois d'y retourner, et de passer sa vie entière là, alors qu'il n'a connu l'Allemagne que la première année de sa vie. Ce sont des pulsions, passagères certes, mais dérangeantes, car Matthias c'est fait un nom et des amis à Londres et ne veut pas quitter cette ville, car il y est heureux pour le moment.